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Interview avec l’équipe représentante de l’UN-CHK au Concours africain du Procès simulé pour les droits de l’Homme (CAPS)
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Interview avec l’équipe représentante de l’UN-CHK au Concours africain du Procès simulé pour les droits de l’Homme (CAPS)

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Du 20 au 25 septembre 2021, les deux représentantes de l’Université numérique Cheikh Hamidou KANE (UN-CHK) ont pris part à la phase finale internationale du Concours africain du Procès simulé pour les droits de l’Homme (CAPS) qui s’est tenue à Stellenbosch, en Afrique du Sud. Les candidates sénégalaises ont atteint la demi-finale et ont remporté le 2ème prix du meilleur mémoire de la compétition. Elles reviennent à travers cette interview sur cette expérience inédite et enrichissante pour elles, et donnent des conseils aux futurs participants.
Les candidates étaient accompagnées par deux enseignants de l’UN-CHK qui partagent également avec nous, leur avis et leurs recommandations sur ce concours panafricain. 

  • Vous avez été sélectionnées pour représenter l’UN-CHK au Concours africain du Procès simulé (CAPS) en Afrique Sud, pouvez-vous nous dire comment vous avez découvert le concours et pourquoi vous avez décidé de participer ? 
  • Awa SAGNANG (A.S.) : J’ai découvert le concours à travers un communiqué de l’UN-CHK l’année dernière lors de la 29ème édition et j’ai décidé d’y participer car je suis passionnée de droit. De surcroît, le CAPS est un événement de bonne facture qui permet de se perfectionner et d’élargir davantage ses connaissances en droit international.
  • Josiane Elga PREIRA (J.EP.) : J’ai découvert le concours grâce à une annonce sur la plateforme de formation de l’UN-CHK qui recherchait des volontaires pour la participation au concours. Et j’ai décidé d’y participer car l’art de la plaidoirie m’intriguait et surtout toute expérience est bonne à prendre.
  • Quelle expérience gardez-vous de votre participation au CAPS ? 
  • A.S. : C’était une très belle expérience. Je me suis rendue compte qu’au-delà de la compétition, le CAPS est aussi un cadre d’échanges, d’ouverture et de découvertes sur des questions liées aux droits de l’homme particulièrement en Afrique.
  • J.E.P. : Une expérience nouvelle qui enrichit ma formation universitaire, particulièrement dans le secteur du droit international et de celui des droits de l’homme. C’est aussi une expérience humaine incroyable, avec cette diversité et cohésion de groupe qui fait la beauté du concours.
  • En quoi les formations et enseignements suivis à l’UN-CHK vous ont apporté une plus-value dans la compétition, notamment, ceux sur les soft skills, comme le leadership et la prise de parole en public, tant prônés à l’UN-CHK ? 
  • A.S. : Ces formations et enseignements suivis à l’UN-CHK m’ont permis de connaître et de pratiquer les techniques de plaidoirie, l’art oratoire, et les techniques de persuasion. Ils m’ont également permis de mieux gérer le trac que l’on ressent lors d’une prise de parole en public.
  • J.E.P : La plus-value s’est surtout fait ressentir au niveau de la rédaction du mémoire. Nous y avons été particulièrement formée et entraînée, et cela nous a d’ailleurs permis de remporter le prix du 2e meilleur mémoire sur le système africain des droits de l’Homme. En ce qui concerne le leadership et la prise de parole en public, ces enseignements nous ont non seulement servis pour le concours mais nous servent aussi au quotidien. En effet nous sommes maintenant plus confiantes et plus éloquentes pendant nos prises de parole et surtout, nous avons appris à maîtriser cette peur de parler en public.
  • Comment vous êtes-vous préparées pour la phase finale ? 
  • A.S. : Pour la phase finale, nous avons été encadrées par le Dr Djaminatou ZOMBRE qui nous a accompagnées tout au long de la compétition, ainsi que  le Dr Abdou Khadre DIOP, qui nous a prodiguées de nombreux conseils. Je tiens à les remercier au passage pour leur soutien sans limite.
  • J.E.P. : Pour la phase finale nous n’avons négligé aucun aspect ; nous avons travaillé sur tous les points importants comme la maîtrise des faits, de leur mémorisation, et aussi du système africain des droits de l’homme, nous avons également travaillé sur la créativité de la plaidoirie, sa mise en forme, la prise de parole ainsi que l’attitude à avoir lors des réponses aux questions. Nous travaillions autant que possible, à tout moment, c’était parfois très difficile mais toujours très enrichissant.
  • Le thème de cette édition était axé sur les violences sur les femmes, pouvez-vous nous nous parler en substance de la thèse que vous avez défendue lors du quart de finale et de la demi-finale ? 
  • A. S. Lors de la demi-finale, nous avons défendu la thèse selon laquelle, il est du devoir de l’État de protéger les femmes en mettant en œuvre un cadre normatif de lutte contre les violences sexistes car il ne suffit pas juste de ratifier des conventions comme le Protocole de Maputo par exemple pour prétendre assurer la protection de la femme. En plus de cela, Il doit permettre à ces femmes victimes de violences d’avoir accès à la justice et de garantir ainsi leur droit à obtenir justice.
  • J.E.P. En effet le thème de cette année regroupait les violences sur les femmes, les enfants et les LGBT, donc en gros les minorités vulnérables. Pour cette phase de la compétition, nous n’en avons pas défendu une mais deux thèses car pour chaque étape nous plaidions deux fois :
  • En partie requête, où nous défendions la thèse que l’Etat concerné a violé les droits des minorités avec la preuve à l’appui des faits qui démontraient une tendance patriarcale et hétéro-normative du pays ainsi que plusieurs défaillances au niveau structurel du pays.
  • En partie défense, où nous défendions la thèse selon laquelle l’Etat n’a en aucun cas violé leurs droits, en s’appuyant sur les valeurs africaines et la marge nationale d’appréciation.
  1. Quelle image gardez-vous du pays de Nelson Mandela, avez-vous pu visiter un peu  l’Afrique du Sud ?
  • A.S. : C’est un pays bien organisé où règnent la discipline et le calme. Lors des excursions, nous avons pu visiter Kayamandi dont le nom signifie « belle maison » en langue xhosa et qui est le deuxième plus ancien canton d’Afrique du Sud. Nous avons également fait une visite centrée sur l’histoire du retrait forcé de personnes d’une communauté connue sous le nom de VLAKTE, sous le gouvernement de l’apartheid. Il s’agissait d’une communauté mixte mais majoritairement colorée, à la fois chrétienne et musulmane située au cœur de Stellebosch.
  • J.E.P. : Oui nous avons pu visiter quelques endroits du pays comme le quartier très ancien de Kayamandi ainsi que les montagnes de Stellenbosch, et j’en garde une très belle image autant au niveau architectural qu’au niveau de ses citoyens.
  • Si vous deviez participer à la prochaine édition, qu’est-ce que vous auriez voulu améliorer cette fois-là ? 
  • A.S. : Si cette occasion se présentait à nouveau, j’essaierai de combler    certaines faiblesses lors de la dernière édition, comme le trac face à certaines questions posées par les juges. A part cela, nous avons bien plaidé dans l’ensemble. D’ailleurs, les juges ont beaucoup apprécié le dernier match que nous avons fait.
  • J.E.P. : Si nous devions participer à la prochaine édition, je pense qu’on rectifierait surtout le manque d’assurance et de confiance en soi.
  1. Quels conseils donneriez-vous aux futurs candidats ?
  • A.S. : Je leur conseillerai de bien se préparer à l’avance car le CAPS demande beaucoup de sérieux, d’améliorer sa culture générale, d’approfondir sa connaissance en droit international, de connaître le fonctionnement de la Cour africaine et les différentes décisions qu’elle a rendue conformément à sa compétence et à la recevabilité des recours introduits auprès de sa juridiction. Ce sont ces prérequis qui sont pris en compte par les juges au moment de la plaidoirie.
  • J.E.P. : De beaucoup travailler et de ne surtout pas prendre le concours à la légère car ce n’est pas du tout un jeu. Il y a de grands professeurs, avocats et juges qui notent les prestations ; donc il faut tout donner,  ne pas stresser et garder confiance en soi car c’est très important pour la prise de parole en public.
  • En ce qui concerne votre avenir professionnel, dans quoi voudriez-vous faire carrière après vos études ?
  • A.S. : Apres cette expérience du CAPS, je voudrais dans l’avenir acquérir beaucoup plus de connaissances en droit de manière générale.
  • J.E.P. : Le métier d’avocat a toujours été mon objectif et pour le domaine à choisir parmi les différentes spécialisations en droit je reste hésitante mais ce qui est sûr c’est que le domaine des droits de l’Homme reste une priorité.

Encadré 1 
Je suis Awa SAGNANG, étudiante en Master 1 en Sciences juridiques à l’Université numérique Cheikh Hamidou KANE, rattachée à l’Espace numérique ouvert (ENO) de Dakar. Je fais partie des représentants de l’UN-CHK au Concours africain de procès simulé des droits de l’Homme de cette année et c’est un honneur pour moi d’avoir défendu les couleurs de mon université à l’occasion de ce concours.
Encadré 2
Je suis Josiane Elga PREIRA, étudiante en Licence 2 en Sciences juridiques à l’Université numérique Cheikh Hamidou KANE, précisément rattachée à l’Espace numérique ouvert de Ziguinchor. Je fais partie des représentantes de l’UN-CHK au Concours africain de Procès simulé des droits de l’Homme de cette année et c’est un honneur pour moi d’avoir défendu les couleurs de mon université à l’occasion de ce concours. Les causes qui me tiennent à cœur ont toujours été la défense des droits de la femme et avec ce concours, cet engagement s’est accru.
Encadré 3 : 
Dr Djaminatou ZOMBRE, enseignante associée à l’UN-CHK et co-encadreur de l’équipe de l’UN-CHK qualifiée au CAPS
Pouvez-vous nous parler du concours et de ses différentes étapes ?
« Le concours africain de procès simulé est une rencontre annuelle qui se tient depuis 30 ans, entre des universitaires venus de tous les horizons d’Afrique pour débattre sur un thème majeur des droits de l’Homme. Concrètement, cela consiste à proposer aux étudiants un cas hypothétique, qu’ils devront préparer, comme un cabinet d’avocats, puis défendre devant un jury composé d’experts émérites de la question, dans des conditions similaires à celles de la Cour africaine des Droits de l’Homme et des Peuples.
Cela fait déjà 4 ans que l’UN-CHK participe au CAPS  sous l’impulsion, la supervision et le co-encadrement du Dr Abdou Khadre DIOP.
Au niveau local, la préparation se fait en 5 grandes phases.

  • 1ère phase : l’appel à candidature. Elle consiste à proposer aux étudiants des filières Sciences juridiques (SJ), Science politique (SP) et Administration économique et sociale (AES) un mini-cas de violation des droits de l’Homme, qu’ils vont préparer puis défendre devant un jury interne de l’UN-CHK. Les inscriptions se font en ligne via une plateforme dédiée. Après la clôture des candidatures, des séances de rencontre sont organisées avec les candidats pour les informer sur les attentes du jury et les accompagner dans le processus de recherche.
  • 2ème phase : 1ère audition. Les étudiants inscrits sont invités pendant cette phase à présenter en ligne le résultat de leur recherche. A l’issue de ces auditions, les étudiants les plus méritants seront retenus (généralement entre 5 à 6 étudiants).
  • La 3ème phase : la rédaction des mémoires.  L’équipe retenue sera chargée de rédiger les mémoires conformément au cas hypothétique proposé pour la présente édition. Pour ce faire, elle bénéficiera d’une série de formations allant de la connaissance du droit processuel à celle du droit matériel de protection de droits de l’Homme, en passant par la technique de rédaction des mémoires.
  • 4ème phase : la 2ème audition. Après la rédaction des mémoires, une 2ème audition sera organisée au sein de l’équipe de rédaction des mémoires (avec les candidats retenus lors de la première audition), au sortir de laquelle deux (02) candidats seront retenus pour représenter l’UN-CHK au niveau continental.
  • Enfin, la 5ème phase. Elle est celle de la formation des finalistes en art oratoire. Nous en profitons pour préparer et faire toutes les formalités avant le départ pour le pays d’accueil du concours.

Quelles sont les points forts des candidates de l’UN-CHK
« Le premier point fort de nos finalistes a été incontestablement leurs habiletés à manier le français. Très concises, précises et bonnes oratrices, cette aisance  a joué pour beaucoup dans les résultats que nous avons obtenus.
Il est ensuite important de noter, leur capacité d’apprentissage. Il s’agissait vraiment d’absorber, en un temps record des informations jusque-là en marge de leur cursus ou en avance par rapport à ce cursus. Je fais notamment référence à l’obligation implicite de maitriser le système juridico-institutionnel de protection des droits de l’Homme en Afrique, qui n’était pas encore enseigné dans leur programme de cours, et surtout au cas particulier de Josiane qui en L1 a dû apprendre le droit international public approfondi.
C’est d’autant plus impressionnant car la plaidoirie répond avant tout à une méthodologie rigoureuse qui exige la maitrise des faits, la démonstration avec des articles et de la jurisprudence à l’appui.
Enfin, il faut noter la discipline, l’engagement, le dynamisme, l’endurance, le courage de candidates, et j’en passe. Je vous rappelle que pendant plusieurs mois, elles se sont déplacées tous les jours vers les ENO à leurs propres frais, pour suivre les formations. Tout comme se soumettre au jugement d’experts dans un pays étranger demande beaucoup de courage.
Leur faiblesse est sans doute leur absence d’expérience pour un tel exercice. Nous sommes actuellement en train de travailler sur la création d’un club d’incubation regroupant les anciens pour organiser des séances de plaidoiries ; ce qui devrait résorber cette difficulté ».

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Mohamed LOME

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