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Entretien avec Docteur Amadou SOW pédiatre, au Centre hospitalier Abass Ndao et assistant chef clinique à l’Université Cheikh Anta Diop
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Entretien avec Docteur Amadou SOW pédiatre, au Centre hospitalier Abass Ndao et assistant chef clinique à l’Université Cheikh Anta Diop

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Les enfants sont-ils les oubliés dans la lutte contre la pandémie du coronavirus ? Tout porte à le croire. Car, force est de constater que la grande partie des sujets traités en rapport avec celle-ci est orientée vers d’autres préoccupations. Pour en savoir davantage sur l’impact du Coronavirus sur les tout-petits, et obtenir des conseils sur la façon de les protéger, nous sommes allés à la rencontre du Docteur Amadou SOW, pédiatre au Centre hospitalier Abass Ndao et assistant chef clinique à l’Université Cheikh Anta Diop. Entretien.

“Certains enfants suivis pour des maladies chroniques comme l’asthme, le diabète, la drépanocytose ne viennent plus et cela peut avoir un impact très négatif dans l’évolution de leur maladie. Le même constat est fait pour le suivi vaccinal. La vaccination a permis d’éradiquer plusieurs maladies qui avaient une mortalité et une morbidité très élevées. On peut citer la rougeole, la polio et d’autres maladies. Si les enfants ne sont plus vaccinés, on risque de revoir ces maladies resurgir.”

Bonjour Docteur, en votre qualité de pédiatre, comment appréciez-vous la situation et les implications de la COVID-19 vis-à-vis des enfants ?

Bonjour. Permettez-moi d’abord de vous remercier pour l’invitation. Pour répondre à votre question je dirai que la COVID-19 a bouleversé le monde à cause de ses implications sur le plan sanitaire, économique, social et psychologique. Les enfants ne sont pas en reste et subissent de plein fouet les conséquences de cette pandémie.

Depuis le début de la pandémie, les enfants sont présentés comme étant asymptomatiques. Que signifie être asymptomatique ?

En effet, les enfants infectés par la COVID-19 sont dans la majorité des cas asymptomatiques. Un sujet est dit asymptomatique ou porteur sain lorsqu’il ne présente pas de signes de la maladie. Le virus est dans l’organisme, mais il n’y a pas de manifestation clinique.

Y’a-t-il des symptômes qui permettraient d’alerter les parents sur une potentielle infection au virus de la COVID-19, dans ce cas ? Quelle doit être l’attitude des parents en termes de prévention ?

Les manifestations de la COVID-19 chez l’enfant ne sont pas spécifiques. Chez les grands enfants, le tableau est proche de celui des adultes avec une forte fièvre, la toux, l’écoulement nasal, la difficulté respiratoire, les douleurs articulaires, une fatigue, une perte de l’appétit et des maux de gorge. Chez le nourrisson, le tableau est parfois associé à une diarrhée et des vomissements.

L’attitude préconisé chez les parents est d’abord le respect des mesures barrières. Il faut enseigner aux enfants les mesures de distanciation physique, le lavage régulier des mains, le port de masques et éviter les déplacements inutiles. En cas de signes suspects chez un enfant ou de cas contact dans la famille ou l’entourage, il faut respecter les mesures d’isolement à domicile et appeler les services sanitaires pour une prise en charge adéquate.

En étant asymptomatiques, les enfants sont alors susceptibles de propager la maladie. Est-ce que les autorités sanitaires sénégalaises ont mené une étude en ce sens ?

Il existe plusieurs zones d’ombre et peu de certitude avec la COVID-19. Par exemple, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) au début de la pandémie jugeait le port de masque inutile alors qu’aujourd’hui, le discours n’est plus le même. Les enfants sont considérés comme les principaux vecteurs de la maladie, car étant des porteurs asymptomatiques qui la propagent, expliquant la fermeture des écoles parmi les premières mesures prises dans la lutte contre la pandémie. Cependant, des études récentes ont donné des conclusions contraires en montrant que les enfants asymptomatiques propagent peu la maladie. Au Sénégal, à ma connaissance, il n’y a pas encore d’étude dans ce sens même s’il existe des données globales du ministère de la santé sur le nombre de personnes qu’un sujet infecté peut contaminer indépendamment de l’âge.

Les enfants ont-ils été très touchés par la pandémie au Sénégal ? Avez-vous des chiffres ?

Les enfants sont touchés par la pandémie, mais pas sévèrement. La plupart des enfants suivis sont des cas contacts des adultes ; le plus souvent des parents proches. Je ne pourrai pas vous donner de chiffre exact, mais on sait que les enfants représentent moins de 15 % des cas suivis. La majorité des enfants sont des cas simples et aucun décès n’a été déploré à ce jour.

Quelles sont les conséquences de la pandémie sur leur bien-être et leur santé ?

Les conséquences de la pandémie sont nombreuses. Le confinement et la réduction des activités entraînent une prise pondérale chez certains enfants. On peut également noter les aspects psycho-sociaux. En effet, les enfants vivants dans des familles touchées sont aussi concernés par la stigmatisation en plus de la séparation avec des membres de leur famille. Il ne faut pas aussi oublier les répercussions scolaires et économiques qui sont importantes.

Face à la limitation des sorties, comment les familles devraient elles agir pour préserver leur épanouissement ? Quelles activités privilégier ?

A mon avis il faudra insister sur les activités éducatives et pédagogiques à la maison. Les parents qui restent à la maison peuvent en profiter pour passer plus de temps avec les enfants ceux qui n’est pas souvent le cas.

Avec la pandémie, la fréquentation des hôpitaux a fortement baissé, avec pour conséquences, des retards sur le calendrier de vaccination des enfants. Quelle est la conséquence d’une irrégularité dans la vaccination ? Quels conseils donneriez-vous aux parents à ce propos ?

Vous touchez du doigt un élément très important. La COVID-19 ne doit pas être négligée, mais elle ne doit pas faire oublier les autres maladies. Aujourd’hui, les hôpitaux sont désertés par les patients. Certains enfants suivis pour des maladies chroniques comme l’asthme, le diabète, la drépanocytose ne viennent plus et cela peut avoir un impact très négatif dans l’évolution de leur maladie. Le même constat est fait pour le suivi vaccinal. La vaccination a permis d’éradiquer plusieurs maladies qui avaient une mortalité et une morbidité très élevées. On peut citer la rougeole, la polio et d’autres maladie. Si les enfants ne sont plus vaccinés, on risque de revoir ces maladies resurgir. Il faut que les parents prennent toutes les dispositions nécessaires ainsi que les personnels soignants et les structures sanitaires pour pouvoir faire les vaccins correctement tout en diminuant au maximum les risques de propagation du virus.

La reprise des cours pour les élèves en classe de CM2, avec les mesures qui l’accompagnent, ne risque-t-elle pas de les perturber psychologiquement ?

Je ne pense pas que cela puisse entraîner des perturbations psychologiques majeures. Les enfants sont conscients que ces mesures ont pour but de les protéger ainsi, ils adhèrent aisément. Il faut saluer le travail des médias dans ce sens qui a été considérable. Parfois, il m’arrive de poser des questions aux enfants lors des consultations sur les mesures de prévention et les réponses sont encourageantes.

Pensez-vous que ces enfants pourront respecter les gestes de précaution, notamment la distanciation physique et le port du masque, toute la journée, compte tenu de la chaleur et de l’humidité qui s’annoncent ?

Oui, je pense que les enfants sont capables de respecter les mesures s’ils sont bien encadrés. La chaleur ne doit pas constituer un frein au respect des mesures de prévention. Évidemment, les enfants aiment le contact avec leurs camarades et cela peut constituer une petite difficulté, mais les écoles doivent prendre des mesures nécessaires et mettre en place une bonne organisation afin de limiter les contacts entre les élèves.

Avez-vous un message à adresser aux parents ?

Pour terminer, j’exhorte les parents à respecter les mesures barrières. Il faut veiller sur les enfants et les accompagner dans cette période de crise. Pour les parents ayant des enfants porteurs de maladie chronique, il faudra se rapprocher des médecins traitants pour pouvoir définir les meilleurs moyens pour continuer le suivi médical.

Télécharger la version pdf de l’entretien

Entretien réalisé par Garmy Sow  

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