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Entretien avec djibril DIALLO, Administrateur des services de ressources éducatives de l’UN-CHK
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Entretien avec djibril DIALLO, Administrateur des services de ressources éducatives de l’UN-CHK

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Djibril DIALLO

Djibril DIALLO,
Administrateur des services de ressources éducatives de l’UN-CHK

Monsieur Djibril DIALLO, Administrateur des services de ressources éducatives à la Direction des Etudes, de la Recherche et de l’Innovation (DERI) de l’UN-CHK a récemment participé à la 6e Conférence annuelle du Réseau de l’Afrique de l’Ouest et du Centre dédié à l’éducation et à la Recherche (WACREN). Dans cet entretien, il revient sur cet important événement et sur les enjeux liés à la transformation numérique des ressources pédagogiques dans les universités fortement impactées par la crise sanitaire Covid-19. 

Bonjour M. DIALLO. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Je m’appelle Djibril DIALLO. Je suis conservateur des bibliothèques, diplômé de l’Ecole de Bibliothécaires, Archivistes et Documentalistes (EBAD) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD). Depuis plus de trois ans, j’occupe le poste d’Administrateur des services de ressources éducatives à la Direction des Etudes, de la Recherche et de l’Innovation (DERI) de l’Université numérique Cheikh Hamidou KANE (UN-CHK).

Vous avez récemment participé à la 6e Conférence annuelle du Réseau de l’Afrique de l’Ouest et du Centre dédié à l’éducation et à la Recherche (WACREN), pouvez-vous revenir sur cet événement et vos axes d’intervention ?

Le réseau de l’Afrique de l’Ouest et du Centre dédié à l’éducation et la recherche (WACREN) est une association à but non lucratif créée en 2010 et dont le siège se trouve au Ghana. La mission du WACREN est de construire et d’exploiter une infrastructure réseau de classe mondiale, de développer des services de pointe, de promouvoir la collaboration entre les organismes nationaux, régionaux, internationaux de recherche et de l’éducation, et de renforcer la capacité de la communauté REN (Réseaux d’Éducation Nationaux).

La 6e conférence annuelle du WACREN s’est tenue du 15 au 19 mars 2021, sous forme d’un évènement virtuel, organisé par le Réseau de Recherche et d’Éducation du Bénin (RBER) / ADN sous le thème : « Transformation numérique pour le développement ». J’ai participé à la conférence en tant qu’auteur et l’intitulé de ma communication était : « Promouvoir l’accès aux ressources pédagogiques numériques : enjeux et perspectives pour les bibliothèques universitaires sénégalaises ». Les différents axes de ma contribution portaient essentiellement sur le « numérique éducatif en Afrique », avec la création des Universités virtuelles africaines, ensuite sur l’impact de la crise de la Covid-19 dans les universités publiques sénégalaises, avec les différents programmes des établissements d’enseignement pour la continuité pédagogique, et enfin le rôle que peuvent jouer des bibliothèques universitaires à travers les ressources pédagogiques dans ce contexte de crise sanitaire. Cette activité a réuni environ 500 participants.

La crise de la Covid-19 a impacté plusieurs secteurs d’activités, notamment les universités publiques sénégalaises. Plusieurs plans de continuité pédagogique et administrative ont été mis en place conformément aux particularités de ces institutions. Quelle lecture en avez-vous fait ?

Dans le contexte de la COVID-19, les écoles et les universités sénégalaises étaient fermées (à la date du 16 mars 2020 précisément) pour lutter contre la propagation du virus, de même que la plupart des autres secteurs d’activités qui étaient au ralenti. Des rencontres périodiques entre acteurs de l’éducation ont permis de proposer des alternatives pour la continuité pédagogique, d’où le concept « Apprendre à la maison » initié par le Ministère de l’Education nationale du Sénégal. Cette alternative proposait aux élèves de suivre des cours en ligne via une chaîne de télévision dénommée Canal Education. Malheureusement ce programme n’a pas fonctionné car les conditions normales n’étaient pas réunies (équipement informatique, accès à Internet, accès à l’électricité, etc.). Dans les universités publiques sénégalaises, la continuité des enseignements voulait se faire à travers les Instituts de Formation Ouverte à Distance (IFOAD). Il y a donc eu un besoin urgent de supports de cours numériques pour poursuivre les enseignements afin de sauver l’année universitaire. Malheureusement, les plateformes numériques ne pouvaient pas supporter les effectifs importants des étudiants dans ces universités physiques. Dès lors, les défis rencontrés par les établissements d’enseignement supérieur pour assurer la continuité pédagogique ont continué à être un obstacle. Seule l’Université numérique Cheikh Hamidou KANE (UN-CHK), à travers ses plateformes de e-learning, a pu      continuer normalement ses enseignements et apprentissages durant cette période de crise.

Cette crise a révélé toute l’importance du numérique éducatif dans les universités africaines. Comment, dans ce cadre, analysez-vous son évolution depuis les périodes d’avant, pendant et de post-Covid-19 ? 

Parmi les champs qui connaissent des bouleversements majeurs depuis l’entrée dans l’ère du numérique, celui de l’éducation figure sans nul doute au premier plan. La montée en puissance de l’apprentissage par le numérique, comme un apprentissage utilisant les TIC,  représente l’un des aspects les plus visibles de ces transformations. Cette modalité d’apprentissage a fait naître un nouveau rapport au savoir, en le rendant plus accessible à des publics éloignés des lieux d’enseignement, à des personnes aux besoins spécifiques ne pouvant pas se déplacer ou n’ayant pas le temps de suivre des formations classiques dans des salles de classe. Cet élargissement du champ des possibles pour les apprenants correspond à une réelle démocratisation de l’éducation. Aujourd’hui, l’Afrique regorge d’initiatives innovantes, audacieuses et propices à donner  accès à la connaissance à un nombre toujours croissant de jeunes, mais aussi d’adultes, dans un processus d’apprentissage tout au long de la vie. La digitalisation ou encore le numérique éducatif prend une sérieuse proportion dans l’enseignement supérieur africain. Après la Tunisie (Université virtuelle de Tunis, 2002), le Sénégal (Université numérique Cheikh Hamidou KANE, 2013) et la Côte d’Ivoire (Université virtuelle de Côte d’Ivoire, 2015), c’est aujourd’hui le Burkina Faso, le Mali ou encore le Togo qui veulent être opérationnels dans la Formation à Distance (FAD). Ces institutions africaines d’enseignement supérieur sont aujourd’hui pleinement engagées dans la création de formations adaptées aux besoins et aux réalités des populations concernées. Cependant, les universités classiques africaines ne profitent pas toujours de l’expérience des technologies modernes. On l’a vu très récemment au Sénégal lorsque les étudiants ont compris qu’il était presque impossible de suivre des cours en ligne sans souci de préparation. Les étudiants africains en général ont du mal à trouver un sens à l’enseignement en ligne. Cependant, ces universités sénégalaises doivent réfléchir sur de nouvelles approches d’apprentissage inclusif ou hybride et se donner dès lors les moyens dans la production de contenus pédagogiques, à travers leurs IFOAD. L’UNESCO recommande aux pays membres la production de ressources éducatives libres, dans des contextes culturels différents. Dans tous les cas, les universités africaines doivent, soit s’adapter à l’enseignement en ligne, soit périr (la pandémie a créé ce nouveau portail de toute façon).

Vous êtes Administrateur des services de ressources éducatives à la DERI de l’UN-CHK et capitalisez une expertise en ce sens. Voulez-vous revenir sur les enjeux et l’intégration des ressources pédagogiques dans les bibliothèques universitaires sénégalaises, surtout à l’heure de l’Open Accès ?

L’accès libre aux ressources pédagogiques numériques dans les bibliothèques peut grandement contribuer à l’accès à l’éducation dans les universités. L’accès ouvert ou libre constitue une modalité de diffusion de contenus numériques. Dans ce type de diffusion, les ressources peuvent être protégées ou non par le droit d’auteur. Ainsi, un livre en accès ouvert est offert gratuitement ; pour sa part, un livre en accès libre est assorti de droits additionnels selon les termes particuliers de sa licence : reproduction, rediffusion, modification, etc. Les licences Creative Commons (CC) sont les plus connues parmi les licences de contenus en accès libre.

En Afrique, le libre accès fait face à des difficultés majeures qui relèvent de la conjoncture de plusieurs facteurs. Les autorités des universités n’accordent pas beaucoup d’attention aux      enjeux du libre accès à l’information scientifique et technique. Les portails de ressources éducatives libres ne sont pas très développés en Afrique. Alors que ces portails sont importants      pour les bibliothèques universitaires africaines qui pour la plupart ne disposent pas de moyens financiers pour l’abonnement aux bibliothèques numériques, ou pour l’acquisition de livres aux programmes. Et pourtant, les bibliothèques universitaires disposent aujourd’hui de tous les atouts pour jouer un rôle majeur sur la diffusion des contenus pédagogiques. De nombreux facteurs sont réunis pour une nouvelle conception de la bibliothèque et une redéfinition de ses missions. Une façon de permettre aux étudiants, dans cette situation de crise sanitaire, d’avoir accès aux ressources aurait pu être la numérisation des œuvres qui n’existent que sur papier. C’est ce qui a été fait aux Etats-Unis ou en France mais qui est encore légalement impossible au Sénégal. En cette période de crise sanitaire, où les déplacements sont limités, les bibliothèques universitaires doivent jouer un rôle majeur sur l’accès aux ressources éducatives. Les commandes de documents papiers doivent être limitées pour basculer une partie du budget sur les e-books. Il est important, aujourd’hui plus que jamais, que les ressources pédagogiques deviennent encore plus facilement accessibles aux apprenants, aux chercheurs, aux scientifiques et à la communauté au sens large. La réticence des enseignants au partage de leurs contenus constitue également un obstacle au phénomène du libre accès. L’apport de financement, notamment par les fondations, permettra d’inciter les enseignants au partage.

Un dernier mot ?

Les ressources pédagogiques numériques représentent un réel défi pour les bibliothèques. Ce défi n’est pas insurmontable. Il présente au contraire de nouvelles opportunités qui permettront aux bibliothèques et aux bibliothécaires d’accomplir leurs rôles traditionnels différemment. Les bibliothèques universitaires n’ont d’autres choix que d’adopter, et de s’approprier, ces nouveaux types de contenus dans l’enseignement en ligne. Elles pourront ainsi continuer à accomplir leurs fonctions originelles de sélection, d’organisation et de diffusion des connaissances tout en endossant d’autres fonctions au diapason des tendances du libre accès. L’apparition et le développement des ressources pédagogiques en ligne dans l’offre de contenus constituent dès lors une nouvelle opportunité à saisir.

Je voudrais conclure par vous remercier de m’avoir donné l’opportunité de revenir sur ma participation à la Conférence de WACREN et de partager avec nos lecteurs mon expérience sur les ressources éducatives.

Télécharger la version pdf de l’entretien

Mamadou Alpha SANE

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