L’écosystème numérique offre de nombreuses initiatives pour le développement de l’Afrique, et en constitue un facteur déterminant, notamment à travers l’éducation et son apport pour l’emploi des jeunes. Même s’il est à l’origine de certaines progressions notées au cours de ces dernières années, les perspectives d’émergences socio-économiques suscitent encore bien des interrogations, tant les prérequis nécessaires à sa mise en place restent encore perfectibles. Le sujet était au cœur de la CNRIA 2021 et a nourri des échanges productifs lors desquels, professionnels et experts de la recherche en informatique ont partagé leurs études et leurs expériences sur la richesse du secteur.
Le numérique, à travers ses différents domaines d’intervention, propose l’utilisation de ses outils dans le quotidien des populations, qu’il s’agisse d’enseignement en informatique dans les écoles, de sa vulgarisation dans les entreprises, de son appui dans le domaine de la santé ou dans les projets structurants nationaux tels que l’exploitation d’un supercalculateur. Cette présence de plus en plus affirmée dans les activités des pays émergents, se retrouve au cœur de leurs différentes stratégies de développement national, parmi lesquelles celle de l’emploi.
C’est un des points brillamment avancés par M. Antoine NGOM, Président de l’Organisation des Professionnels de l’Informatique (OPTIC) lors de sa conférence inaugurale, sur le thème « le numérique et la problématique de l’emploi ». Selon lui, le numérique va avoir un impact si important sur les métiers qu’il va impliquer une nouvelle ingénierie de ses concepts. La transformation digitale des sociétés et des entreprises est un passage obligé et il faut s’y préparer. Dans cet élan de changements profonds qu’elle engendre, elle va certes provoquer la destruction de certains métiers, mais dans le même temps, permettre la création d’autres. L’objectif selon lui étant d’assurer un solde positif pour éviter la déstructuration du tissu social. Les conditions d’une telle mise en pratique sont, confesse-t-il, une affaire de volonté et de politique gouvernementale, mais son implémentation ajoute-il, reste du domaine du secteur privé.
La nécessaire transformation numérique de l’enseignement supérieur
Un capital humain bien formé dans les métiers du numérique en phase avec la demande de l’emploi reste un préalable pour réussir la transformation digitale. Une perception qui suscite aujourd’hui des inquiétudes, selon Pr Cheikh Bamba GUEYE, Président de l’ASCII, au regard du taux relativement faible de 16% des candidats au bac 2020, issus des séries scientifiques et techniques. Une situation alarmante qu’il convient de rectifier d’après lui, en « optimisant la formation des apprenants et l’utilisation du digital par les enseignants ».
Fort de cela, l’Université numérique Cheikh Hamidou KANE à l’avant-garde d’un système éducatif précurseur, basé sur le numérique, apporte une réponse concrète à cette situation en levant les barrières d’accès aux filières scientifiques.
Pour le Pr Moussa LO, Coordonnateur de l’UN-CHK, « les métiers du numérique constituent un levier important qui permettra aux pays en développement de réduire leur retard sur bon nombre de domaines ». A ce titre, l’UN-CHK propose un catalogue de formation qui fait la part belle aux sciences de pointe et propose pas moins de 10 Masters dans des parcours innovants comme la Cybersécurité, la Robotique ou encore l’Ingénierie logicielle et 2 Mastères spécialisées en Calcul haute performance et Serious Games & Réalité virtuelle.
Cette politique d’ouverture aux STEMs s’apparie avec l’accueil d’étudiants issus de filières littéraires à certains parcours scientifiques ; un choix qui vise à élargir le champ des possibilités et concourt à l’attrait des filières scientifiques.
Ce positionnement a été récemment conforté par la mise en place d’une chaire UNESCO en sciences et technologies émergentes pour le développement et spécialisée dans les domaines de l’Intelligence artificielle, du Big Data, de la Modélisation mathématique et de la simulation numérique.
Une nouvelle saluée par le Pr Mamadou SY, Directeur des Stratégies et de la Planification de la Recherche au sein de la Direction générale de la Recherche et de l’Innovation (DGRI), représentant le Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Il a insisté sur l’importance de la recherche scientifique qui selon lui, constitue aujourd’hui « un stimulant indispensable au développement socio-économique des populations ».
La CNRIA 2021 s’est clôturée au terme de 3 jours de travaux enrichissants, et d’une invite du Président de l’ASCII à l’endroit de ses paires, pour qu’ils s’investissent davantage au service de la communauté et perpétuer ainsi « l’œuvre des pères fondateurs » de l’association.
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Cheikh Tidiane DIAWARA