> >
Entretien avec M. Cheikh Bamba NDAO, Président de la plateforme LAB SANTE
>

Entretien avec M. Cheikh Bamba NDAO, Président de la plateforme LAB SANTE

Facebook
Twitter
LinkedIn
WhatsApp
Email

La Ligue africaine des Blogueurs en Santé, Population et Développement (LAB SANTE) est une plateforme dont l’objectif est l’amélioration continue des compétences des acteurs africains de la santé, particulièrement dans le domaine de la santé digitale. Elle accompagne également la recherche et l’innovation. Elle s’est particulièrement investie dans la lutte contre la Covid-19 à travers différentes actions. Dans cet entretien, Monsieur Cheikh Bamba NDAO, son président, revient en détails sur le fonctionnement de cette plateforme aux allures panafricaines.

Parlez-nous un peu de la genèse de ce projet

La Ligue africaine des Blogueurs en Santé, Population et Développement (LAB SANTE) est née de la volonté commune des acteurs sénégalais de la santé et des professionnels du numérique, de combiner leurs efforts pour réaliser des objectifs de développement. LAB SANTE est composée de plusieurs membres à l’échelle nationale et continentale (spécialement en Afrique de l’Ouest) : Sénégal, Guinée, Benin et Congo Brazzaville. Ces membres sont dotés de plusieurs compétences variées à savoir des blogueurs Tech et violences basées sur le genre (VBG), un analyste de trafic, des professionnels en multimédia, des informaticiens, des journalistes, des seniors en Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) et web, des marketeurs et des médecins.

Comment vous-êtes organisés en interne pour fonctionner ?

Un terme totalement propre au digital demeure l’engagement. Nous nous étonnons chaque jour de voir l’engagement sans faille de chaque membre. Nous nous sommes structurés avec une hiérarchie et chaque maillon fonctionne à merveille. En dehors du Président, la personne morale, nous sommes dotés d’une secrétaire générale, d’une responsable des finances, d’une responsable du partenariat, d’un responsable de l’innovation, d’un bureau de la communication, de conseillers en santé, et de Community influencer. Chaque membre est tenu de verser une cotisation mensuelle en dehors de la taxe de droit d’adhésion. Chaque question est traitée en interne, élaborée et soumise à l’appréciation du public.

La couverture médiatique de la Covid-19 constitue sans doute une période charnière depuis que vous existez.

En effet. LAB SANTE a été la première organisation au Sénégal à avoir implanté une cellule de veille et d’alerte sur la Covid-19 dès l’annonce du premier cas au Nigéria. En collaboration avec le Ministère de la Santé et de l’Action sociale, nous avons beaucoup travaillé sur la remontée d’informations officielles et combattu les fake-news. La Covid-19 a été déclarée au Sénégal après la création de notre organisation. En d’autres termes, LAB SANTE n’est pas née dans un seul but de communiquer sur la pandémie. Nous nous sommes effectivement fortement mobilisés dans la couverture médiatique avec notamment la création du hashtag #JogciCovid19 dans le cadre d’une campagne de sensibilisation que nous avions organisée en collaboration avec le Fonds des Nations unies pour la Population (UNFPA).

Nous avons noté plusieurs campagnes de sensibilisation avec vos équipes dès le début de la propagation du virus. Etait-il nécessaire de s’impliquer dans la communication au-delà d’informer vos lecteurs ?

Oui, se limiter à la sensibilisation ne pouvait être suffisant. Nous avons été les premiers à parler de Covid-19 en langues locales alors que toute la communication était axée sur les langues officielles. En tant qu’organisation qui a pour objet de promouvoir la santé des populations, il nous incombe de jouer notre partition dans la communication aussi ; car nous sommes un maillon de cette communication justement (la communication digitale).

Dans ce domaine de communication digitale, nous avons une cible très importante qui est la jeunesse. Et cette jeunesse qui est très présente sur les médias sociaux a des besoins en communication sanitaire. Voilà pourquoi à travers nos différentes stratégies de communication, nous les rejoignons sur les différentes plateformes onlines et nous avons eu des résultats plus qu’encourageants.

Selon vous, est-ce que la communication gouvernementale a peiné à convaincre l’opinion publique des enjeux de cette pandémie et de cette crise ?

Le gouvernement notamment à travers le ministère en charge de la santé a très tôt déployé des actions de sensibilisation et de communication sur les enjeux de cette pandémie. Ces actions ont marché au début, efficacement. Plus tard pendant que la maladie se propageait déjà, d’autres secteurs ministériels ont emboité le pas, puisque la promotion de la santé est un domaine transversal, donc multisectoriel. Et la population a tout à fait adhéré à cette dynamique de communication gouvernementale, car les mesures barrières édictées par le Ministère de la Santé et de l’Action sociale (MSAS), notamment le port de masque, ont été bien respectées par tous (même les enfants chantaient cela dans les maisons). Cela indique que la population a été dans l’ensemble bien informée. Par ailleurs, beaucoup d’idées reçues, de fausses rumeurs… ont semé le doute au sein de cette même population et sapé la communication. Ce qui justifie aujourd’hui les doutes de certaines personnes sur l’existence et les enjeux de cette pandémie.

A noter que la communication pour le changement de comportement est un long processus. Au début de la pandémie la communication institutionnelle du MSAS semblait prendre le dessus sur la communication sociale. Et ce dernier volet de communication a été intensifié plus tard alors que la maladie se propageait déjà à grande vitesse.

On a souvent déploré la minimalisation de la pandémie qui entraîne le non-respect des gestes barrières. Quelle lecture en avez-vous fait ?

C’est tout à fait déplorable, ceci est imputable en grande partie à la mauvaise interprétation par certaines personnes de l’assouplissement des mesures par le gouvernement. Quand il a fallu serrer l’étau pour vaincre la pandémie, le contexte socioculturel a influé sur les efforts du gouvernement. Eh oui ! Là, il faut vivre avec.

Vous avez aussi mobilisé diverses personnes de diverses compétences pour réaliser vos campagnes de prévention et de sensibilisation. Comment s’est déroulée la collaboration ?

Nous avions été surpris de voir l’impact de nos actions sur les plateformes numériques. Alors que l’on ne s’y attendait pas, plusieurs acteurs bénévoles ont adhéré de manière engagée à la lutte de LAB SANTE. En premier, le Président de la République Macky SALL qui nous a fortement appuyés à travers son compte officiel Twitter invitant tous les jeunes et le gouvernement à se mobiliser davantage autour de la philosophie de LAB SANTE. C’est ainsi que nous avions pu mobiliser plus de 300 volontaires qui nous ont rejoints à travers des challenges vidéo, des « posts social media », ont partagé nos messages de sensibilisation en langues locales, etc. Même la Banque mondiale, et la presse internationale (espagnole) ont parlé de nous. Nous ne remercierons jamais assez tous ces volontaires, de vrais patriotes qui se soucient du bien-être de leur peuple.

Quel bilan tirez-vous, après quelques mois d’actions dans le cadre de la lutte contre la Covid-19 ?

Il est peut-être encore tôt de parler de bilan, mais au niveau de la LAB SANTE la mobilisation est sans relâche ; et nous sommes davantage sollicités par différentes structures pour les accompagner non seulement dans leurs stratégies de communication digitale de lutte contre cette pandémie, mais dans l’établissement de solutions numériques pouvant apporter un impact considérable sur la situation sanitaire au Sénégal, et dans d’autres pays africains. Nous pensons à UNFPA, la Coopération belge, au Conseil national de Lutte contre le Sida (CNLS), à la Direction de la Santé de la Mère et de l’Enfant (DSME), etc.

Mener autant d’activités et de campagnes suppose une certaine capacité financière. Comment parvenez-vous à satisfaire les impératifs pour bien fonctionner ?

Qui dit association dit organisation. Nous nous donnons les moyens de notre politique. A travers notre système de cotisation en interne, dont les membres assurent une certaine discipline, nous arrivons à atteindre des objectifs ambitieux. Raison pour laquelle nous voulons asseoir une relation de partenariat étroite avec plusieurs organisations au grand bonheur des populations.

Le digital occupe une place de choix dans vos activités et supports de communication. Est-ce un terrain que la santé doit pleinement investir ?

Le digital constitue justement notre territoire, notre terrain de jeu. Qui dit blogueur dit digital forcément. La santé digitale aujourd’hui au Sénégal, c’est LAB SANTE et nous nous réjouissons que même le Ministère de la Santé et les partenaires internationaux l’aient compris. C’est là que nous invitons les autres secteurs de la santé à nous rejoindre afin de développer ensemble des solutions innovantes de communication axée sur le web, le social media et d’autres canaux numériques innovants. La communication de nos jours ne peut pas aller sans les nouveaux paradigmes Web et justement, LAB SANTE en détient les compétences absolues.

Propos recueillis par Mamadou Alpha SANE

Plus récents

CONTACT
Cité du savoir – Diamniadio, BP 15126 Dakar-Fann Immeuble Ousmane DIOP Lot E1 à côté de la station Elton – Ouest Foire- Dakar, BP 15126 Dakar-Fann
+221 30 108 41 53 – contact@unchk.edu.sn
Foo Nekk Foofu La !

Copyright © 2024 UN-CHK. Tous les droits sont réservés.