Ces journées qui avaient pour thème « L’Afrique et le Sénégal à la croisée des chemins : mutations économiques, crises et résilience », avaient pour objectifs de créer un cadre d’échanges et de discussions entre les chercheurs et les professionnels de l’économie d’horizons divers.
Lors de son discours de bienvenue, le Pr Moussa LO s’est réjoui de la tenue de ces journées qui constituent des moments de réflexion et d’échanges autour de questions liées à l’économie dans sa diversité. Il s’est félicité de la grande capacité de résilience dont nos pays et organisations ont fait preuve durant cette crise de la Covid-19. « Nos sociétés vont se réinventer et l’Afrique, particulièrement ses éminents économistes, ont leur mot à dire. Ce rendez-vous vient à son heure et ses conclusions seront d’une importance capitale pour la suite », a-t-il souligné.
Le Pr Mahy DIAW, Recteur de l’UAD de Bambey a pour sa part insisté sur l’importance des sciences économiques face au contexte de cette pandémie, et a rappelé que ces journées permettront de créer un « cadre fructueux d’échanges entre les chercheurs et professionnels de l’économie ». Il a exprimé sa satisfaction de collaborer avec l’UN-CHK, dans l’organisation de ce rendez-vous désormais récurent, des éminents professionnels de l’économie du Sénégal.
Il revenait par la suite au Pr Moustapha KASSE, l’honneur de donner la conférence inaugurale de ces journées. Elle avait pour thème : « Mondialisation, Croissance, Développement et Émergence : le Sénégal à la recherche d’un système économique performant et d’un système politique démocratique, mélange du dit, du mal dit et du pas dit ». Une occasion pour lui d’évoquer les perspectives de recherche d’un système économique performant et d’un système politique démocratique. « Nous pouvons nous relever de toute situation tragique en réalisant les transformations structurelles et en mobilisant nos concitoyens, la jeunesse en tête, autour d’une vision stratégique clairvoyante portée par des politiques économiques et sociales efficientes », dira-t-il. Et d’ajouter : « il n’existe pas de fatalité à l’échec. Réussir l’émergence passera par une volonté politique consensuelle conduite par un leadership transformationnel, un professionnalisme qui utilise toutes les compétences et les savoirs et l’adoption d’un référentiel de valeurs patriotiques et de civisme ».
En ce qui concerne le développement du continent africain, le Doyen honoraire de la Faculté des Sciences économiques et de Gestion (FASEG) de l’Université Cheikh Anta DIOP (UCAD) de Dakar a fait part de son regret de constater les politiques économiques copiées de l’Occident et inadaptées aux réalités africaines. Il a à ce propos fait savoir que cette région du monde n’a plus le monopole de la puissance économique, technologique et financière. D’après lui, la bonne démarche aurait été de bâtir des institutions à l’image des pays du continent et obtenir ainsi un développement économique réel porteur de croissance. Autres obstacles au développement soulignés par le Pr KASSE : les programmes d’ajustement structurel imposés par les institutions financières de Bretton Woods, les limites de la régionalisation économique de l’Afrique, ou encore le manque d’investissements dans la formation des ressources humaines à l’image des pays émergents de l’Asie. Pour remédier à cette situation, l’économiste suggère une planification rigoureuse mettant l’accent sur une alliance entre un État fort et un secteur privé dynamique et créatif.
L’autre moment fort de ces journées des économistes du Sénégal a été l’intervention de Monsieur Mamadou Lamine LOUM, ancien Premier ministre et ancien Ministre de l’Économie et des Finances du Sénégal (1998-2000). Il s’est prononcé sur l’origine sanitaire de la crise sanitaire en cours. Selon lui, les évaluations de la Commission économique de l’Afrique (CEA) laissent présager que la Covid-19 va entraîner une baisse des recettes d’exportation d’environ 200 milliards de dollars, une perte de la moitié de son PIB, conjuguées à une baisse de sa croissance de 3,2% à environ moins de 2%. Selon lui, les causes de ces bouleversements se situent dans la perturbation des chaînes d’approvisionnement mondiales, la détérioration des revenus, la diminution des exportations et des importations de biens intermédiaires. « Le coup de l’Afrique est dicté par l’impact de la COVID 19 », rajoute Mamadou Lamine LOUM, pour qui la crise sanitaire actuelle a provoqué un ralentissement des échanges commerciaux et de l’économie mondiale.
Ces journées constituaient aussi une occasion pour les participants de partager dans les différents ateliers, leurs projets de recherche et travaux en cours et recueillir des suggestions et nouvelles orientations dans leurs démarches méthodologiques. Ces présentations regroupées autour de cinq (5) thématiques (Développement et mutations économiques – Croissance et développement – Changement climatique, sécurité alimentaire et innovation – Ressources naturelles et industrialisation – COVID, vulnérabilité et résilience) ont été particulièrement nourries d’échanges. L’Assemblée de constitution du Réseau des Économistes du Sénégal a mis fin à ces journées qui se tenaient exclusivement en ligne pour la première fois.
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Khadidiatou NDJIM DAFF
