Une rencontre scientifique pour parler des musées, c’est la contribution de l’Université numérique Cheikh Hamidou Kane à la biennale de l’art africain contemporain (Dak’Art). Organisé par son Club Littérature, Art et Patrimoine (CLAP) sous la coupe du PIED et en partenariat avec le Guggenheim Abu Dhabi et NYU Abu Dhabi, le symposium a été un carrefour d’échanges entre de brillants esprits dont le savoir sur les musées vaut son pesant d’or.
Très connu du monde des arts et de la culture à travers ses écrits, Wolé Soyinka a réitéré sa position sur ce que devrait être les musées. Selon lui, l’Afrique a le choix : soit de garder les musées tels que conçus par les Occidentaux, ou de les repenser à l’image du continent. L’écrivain nigérian intervenait était le guest star du Symposium sur les musées organisé les 9 et 10 novembre 2024 par l’UN-CHK en marge de la Biennale de Dakar. A ses côtés, d’éminents autres personnalités à l’instar du Pr Babacar Mbaye Diop. Ce dernier, dans son exposé, a mis à nu les défis nombreux et variés auxquels les musées font face, notamment le financement, la préservation des œuvres, l’accessibilité des archives, et l’engagement des communautés.
Par conséquent, la seconde option de Soyinka est, à ce stade des choses, la mieux partagée par les acteurs. Réunis dans des panels, les différents intervenants, ont plaidé pour une vision innovante du musée, en le considérant comme un organisme vivant qui répond aux besoins et attentes des communautés. Ils ont insisté sur la transformation des musées en lieux de démocratie participative, où chaque visiteur, artiste et membre de la communauté peut activement contribuer au contenu et aux récits proposés.
Dans cette perspective, le musée ne serait pas seulement un espace de conservation d’objets, mais un lieu de dialogue interculturel qui favorise l’échange entre cultures locales et internationales, en intégrant les récits de tous les participants. Ce qui passe par une réhabilitation, une restitution, mais aussi une réadaptation de sa forme actuelle.
Toute cette réflexion autour des musées a été comme synthétisée à travers la prestation du conteur et chorégraphe congolais Faustin Linyekula, intitulée « Mon corps, mon archive ». Cette performance mêlant danse et récit personnel, a mis en lumière la quête de Linyekula de renouer avec ses racines culturelles et les objets d’art congolais dispersés dans les collections internationales dans différents musées du monde. À travers ses mouvements et sa narration, Linyekula a exploré les thèmes de l’identité et de la mémoire collective ou plutôt corrective.
Par la voix de son Recteur Pr Moussa LO, l’UN-CHK, initiatrice d’une telle réflexion indique une nouvelle façon de voir les musées. « Les musées sont bien plus que des lieux de conservation ; ils sont des espaces de rencontre et de dialogue, où chaque culture peut se voir reconnue et célébrée », a-t-il affirmé lors de son discours d’ouverture. Pr LO a aussi insisté sur le fait que l’intégration du numérique dans l’art et du patrimoine est essentielle dans une perspective d’apprentissage plus élargi. A cet effet,
les institutions académiques, culturelles et gouvernementales ont été invitées à travailler ensemble pour concevoir des musées ouverts, qui valorisent et préservent non seulement les objets culturels, mais aussi les histoires et valeurs partagées.
Pour sa part, le représentant du Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation a exprimé le soutien du gouvernement sénégalais aux initiatives qui favorisent la coopération entre les institutions académiques et culturelles dans la valorisation de l’héritage national et international.
Ce symposium a réuni des figures éminentes du monde académique et culturel pour débattre du rôle et de l’évolution des musées dans un monde en perpétuelle transformation. Placé sous le signe de l’inclusion culturelle et de la restitution patrimoniale, cet événement a permis aux participants de réfléchir à une conception nouvelle et inclusive du musée.
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Mary BALL
Stagiaire PIED