Le mercredi 28 août 2024, l’Université numérique Cheikh Hamidou KANE (UN-CHK), à travers son Pôle d’Innovation et d’Expertise pour le Développement (PIED), a tenu une nouvelle édition des « Rendez-vous de la recherche » axée sur le thème : « Le rôle des sciences sociales dans l’étude de l’Intelligence Artificielle au Sénégal ». Cet événement, animé par le Dr Serigne Momar SARR, sociologue et politiste à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, et modéré par le Dr Amadou Amath DIALLO, enseignant-chercheur à l’UN-CHK, a rassemblé un public diversifié, intéressé par l’intersection entre l’IA et la société, ainsi que par les défis que les sciences sociales posent à l’évolution de l’intelligence Artificielle au Sénégal.
L’intelligence artificielle (IA) continue de redéfinir les structures sociales et professionnelles à travers le monde, et le Sénégal ne fait pas exception. Lors de ce rendez-vous, le Dr Serigne Momar SARR a soulevé des questions essentielles sur la place et l’impact des sciences sociales dans l’étude de l’intelligence artificielle. Il a insisté sur la nécessité d’aborder l’IA non seulement sous un prisme technologique, mais aussi en tenant compte de ses impacts sociaux. Le Dr SARR a mis en avant les défis uniques auxquels le Sénégal est confronté dans ce domaine, soulignant que les débats sur les implications sociétales de l’IA y sont encore peu développés. Il a également plaidé pour une approche plus intégrée, où les sciences sociales jouent un rôle clé dans l’analyse et la régulation de ces technologies, en particulier pour garantir que l’IA respecte la souveraineté culturelle et les valeurs humaines.
Importance des sciences sociales dans l’étude de l’IA
Dr Serigne Momar SARR a entamé son intervention en soulignant l’importance pour les chercheurs en sciences sociales de s’intéresser à l’intelligence artificielle. Il a expliqué que, historiquement, les sciences sociales se sont penchées sur les interactions entre l’humain et la technologie, un domaine qui devient de plus en plus pertinent avec l’essor de l’IA. Il a insisté sur le fait que l’IA ne doit pas être vue comme un domaine réservé aux ingénieurs ou aux informaticiens, mais plutôt comme un phénomène social à part entière.
Définition de l’intelligence artificielle
Il a proposé une définition opérationnelle de l’IA, la décrivant comme un ensemble de théories et de techniques permettant de créer des systèmes capables de simuler des traits d’intelligence humaine. Il a souligné que l’IA, bien qu’elle puisse imiter certains aspects de la pensée humaine, reste fondamentalement une construction technologique qui repose sur des algorithmes développés par les humains.
La relation homme-machine à travers l’histoire
Pour illustrer la pertinence de l’étude de l’IA par les sciences sociales, il a retracé l’évolution de la relation homme-machine, citant les travaux de Philippe Descola et Bruno Latour, deux grands penseurs qui ont exploré les interactions entre les humains et les objets techniques. Il a évoqué comment, dès l’ère industrielle, les machines ont suscité à la fois fascination et crainte, une dualité qui se retrouve dans la manière dont l’IA est perçue aujourd’hui.
Les impacts sociaux de l’intelligence artificielle
L’un des points centraux de l’intervention a été l’exploration des impacts sociaux de l’IA. Dr Serigne Momar SARR a expliqué que l’introduction de l’IA dans divers secteurs (santé, éducation, économie, etc.) modifie profondément les dynamiques sociales. Il a cité des exemples concrets, tels que l’automatisation des emplois, la surveillance accrue via des systèmes intelligents, et la manière dont ces technologies influencent la prise de décision. Il a également mis en avant le rôle de l’éthique dans le développement de l’IA, appelant à une réflexion sur les implications morales et sociales des technologies de l’IA.
Approche interdisciplinaire et sciences sociales
Dr Serigne Momar SARR a plaidé pour une approche interdisciplinaire dans l’étude de l’IA, en intégrant des perspectives provenant de la sociologie, de la psychologie, de l’anthropologie, et d’autres sciences sociales. Il a insisté sur l’importance de comprendre les contextes sociaux dans lesquels l’IA est déployée pour anticiper ses effets et orienter son développement de manière à ce qu’il soit bénéfique pour la société dans son ensemble.
Cas spécifique du Sénégal
En abordant le contexte sénégalais, il a discuté de l’adoption croissante des technologies de l’IA dans le pays, tout en soulignant les défis uniques que cela pose. Il a mentionné les inégalités d’accès à la technologie, les différences culturelles dans l’acceptation de l’IA, et les implications pour le marché du travail local. Il a appelé à une mobilisation des chercheurs en sciences sociales pour accompagner le développement de l’IA au Sénégal, en veillant à ce qu’elle soit alignée avec les réalités socio-économiques du pays.
Après l’intervention de Dr SARR, une session de questions-réponses a permis aux participants d’échanger sur les différents aspects abordés. Elle a couvert une gamme de sujets, allant de l’éthique de l’IA à la nécessité de former les jeunes générations aux compétences requises pour interagir avec ces nouvelles technologies.
Les différentes réponses ont permis d’obtenir des exemples précis, insistant sur l’importance d’une réflexion continue sur les enjeux et le rôle des sciences sociales dans l’étude de l’IA. Ainsi, l’intégration harmonieuse de l’IA dans la société sénégalaise dépend largement de la capacité à combiner les perspectives technologiques et socio-culturelles, en passant par une formation adaptée, le droit, l’anthropologie, etc. Les discussions ont également servi de cadre pour réfléchir sur la nécessité d’une inclusion sociale pour prévenir une adoption unilatérale des innovations numériques et pour s’assurer que l’IA bénéficie à l’ensemble de la société, en préservant les valeurs et la sécurité des données.
Suivez l’intégralité du webinaire des « Rendez-vous de la Recherche » via le lien suivant : https://www.youtube.com/live/Upru25hR5NQ.
Tidiatou DIALLO
Direction de la Communication et du Marketing (DCM)
