Pour comprendre les dynamiques entre les États-Unis et l’Afrique, M. René LAKE a structuré son propos en deux temps. D’abord, il a donné un aperçu sur l’historique des relations entre les États-Unis et l’Afrique en identifiant les continuités et les ruptures dans la politique américaine en Afrique, ensuite, il a débouché sur l’analyse de la politique de Trump 1 et 2 et l’impact que cela pourrait avoir sur les pays africains.
Pour engager son propos, M. LAKE est revenu sur la position des USA dans le monde et pourquoi sa politique extérieure et celle africaine en particulier était d’une importance capitale dans nos vies quotidiennes et de notre avenir proche et lointain. Il a illustré cette influence à travers deux aspects quantifiables : l’économie et la puissance militaire. En 2024, le PIB américain atteignait 27 000 milliards de dollars contre 20 000 milliards pour l’UE, tandis que le budget militaire des États-Unis, avec 842 milliards de dollars, dépassait celui des huit autres puissances militaires réunies.
Pour en revenir spécifiquement à l’Afrique, l’animateur a retracé la politique américaine sur le continent à travers les présidences de Wilson, Roosevelt, Bush et Obama, avant d’en arriver à Trump., M. LAKE a ainsi montré que la politique africaine des USA au 20ème siècle illustre une application pragmatique de realpolitik, où les intérêts stratégiques l’emportent sur les considérations morales et idéologiques qui ont prévalu avant.
Rupture dans la politique africaine des Etats-Unis
A partir de 2018, la transition vers la période TRUMP est marquée par une rupture dans la politique africaine. La politique étrangère américaine a pris un tournant nationaliste et transactionnel. L’Afrique est rapidement devenue une priorité secondaire voire absente des priorités stratégiques de Washington. En effet, l’approche de TRUMP 1 en matière de politique étrangère et notamment son désintérêt pour l’Afrique s’inscrit dans le cadre de la « théorie de l’exécutif unitaire » avec l’hyper présidentialisme. Sous TRUMP 1, cette conception du pouvoir exclusif s’est traduite par une politique étrangère personnalisée et transactionnelle ou les décisions ont été prises en fonction de considérations immédiates plutôt que d’une stratégie diplomatique et cohérente.
Dans cette logique, l’administration Trump 1 a favorisé l’approche « America First », réduisant le rôle des États-Unis dans le financement des programmes d’aide internationale et mettant en avant l’idée que ces ressources devraient être utilisées en priorité sur le sol américain. En ce sens, selon M. LAKE, le démantèlement littéral de l’USAID, les tensions diplomatiques avec certains pays africains, l’anéantissement de la Voix de l’Amérique, l’expulsion de l’ambassadeur sud-africain, sont autant de mesures qui indiquent une volonté claire de se désengager des mécanismes d’aide et de diplomatie traditionnelle, qui ont été au cœur de la relation américano-africaine depuis la guerre froide.
Une politique de marginalisation claire de l’Afrique sous Trump 2
Il fustige, qu’on assiste, avec, à un repris isolationniste et à une politique de marginalisation claire de l’Afrique. Ce qui l’amène à penser qu’on pourrait s’attendre à une augmentation des tensions diplomatiques, notamment avec les pays africains qui ne suivent pas la ligne politique américaine sur le plan international ou même à un retrait total ou partiel de soutien aux opérations antiterroristes régionales.
Dans une approche prospective, M. LAKE explique que si la tendance actuelle se confirme, le second mandat de Donald Trump (2025-2029) pourrait marquer un tournant majeur dans les relations américano-africaines et être une opportunité pour les Etats africains. Selon lui, ce mandat pourrait être marquée par des engagements économiques massifs, une baisse des échanges commerciaux, une diplomatie minimaliste et transactionnelle, un recul de l’influence américaine face à la Russie et un abandon des programmes de coopération. Dans ce contexte, les dirigeants africains devront ajuster leur stratégie diplomatique en misant sur la diversification des partenariats et l’émergence d’autres acteurs globaux.
En conclusion, des échanges fructueux entre l’intervenant et les participants ont contribué à enrichir ce débat et à apporter des perspectives diversifiées sur l’avenir des relations entre les États-Unis et l’Afrique.
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Mohamadou Ibnou Arabe KONTEYE