Juriste et expert en négociation commerciale, Dr. Diouf a posé les bases d’une réflexion stratégique sur la place de l’Afrique dans le commerce international et la nécessité d’un cadre de recherche spécialisé pour répondre aux défis économiques du continent. Dans sa présentation intitulée « L’OMC et son écosystème : Chronique africaine sur 30 ans d’une Odyssée commerciale universelle », il a décliné cinq points et étapes essentiels à considérer qui justifient l’opportunité du LACI.
- L’OMC : Un vaisseau amiral à l’ambition universelle, mais peu favorable à l’Afrique
Dr. Diouf a souligné que l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) a été conçue avec une vision universaliste, censée garantir un accès équitable aux marchés internationaux. Cependant, dans les faits, l’Afrique reste marginalisée dans les négociations commerciales multilatérales, peinant à imposer ses intérêts face aux grandes puissances économiques. Cette situation renforce l’urgence de doter le continent d’un outil d’analyse stratégique, capable d’anticiper et de mieux défendre les intérêts africains dans les instances internationales.
- L’essor de l’inter-régionalisme face aux accords bilatéraux
Un autre défi majeur abordé est la montée en puissance de l’inter-régionalisme comme alternative aux accords bilatéraux. M. le ministre a particulièrement émis comme point d’attention les Accords de Partenariat Économique (APE), souvent considérés comme des « chevaux de Troie » du commerce international. Ces accords, négociés entre l’Afrique et l’Union Européenne, imposent des conditions qui affaiblissent la compétitivité des économies africaines. À travers le LACI, l’objectif est de mener des recherches approfondies sur ces dynamiques commerciales, pour orienter les décideurs vers des stratégies plus protectrices et avantageuses pour le continent.
- Les accords régionaux et continentaux : Vers une souveraineté économique africaine
Le ministre a mis en avant l’importance des accords commerciaux intra-africains, en particulier la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf). Ces accords sont essentiels pour réduire la dépendance aux marchés étrangers et renforcer la souveraineté économique du continent. Cependant, leur mise en œuvre reste complexe et nécessite une expertise technique approfondie. Le LACI vise ainsi à fournir des analyses, des modèles et des recommandations pour accélérer et optimiser ces processus d’intégration.
- Le niveau sous-régional : L’UEMOA et la CEDEAO entre protectionnisme et harmonisation
Au sein des espaces sous-régionaux comme l’UEMOA et la CEDEAO, une tension persiste entre le protectionnisme national et la nécessité d’une harmonisation des politiques commerciales. Selon le Dr. Diouf, la primauté des intérêts nationaux ralentit considérablement l’intégration économique sous-régionale. Le LACI aura pour mission de produire des études pour identifier les freins structurels et proposer des solutions pour une meilleure coordination des politiques économiques et commerciales.
- Les accords bilatéraux entre l’Afrique et les grandes puissances : La question des traités inégaux
Enfin, Dr. Diouf a abordé la problématique des accords bilatéraux entre l’Afrique et des puissances comme la Chine, l’Inde et les États-Unis. Il a mis en lumière les déséquilibres inhérents à ces traités, souvent signés dans un rapport de force défavorable aux pays africains. La question des « traités inégaux », qui caractérisent historiquement les relations économiques internationales, est un sujet central que le laboratoire devra approfondir.
Face à ces défis, le LACI se positionne comme un laboratoire d’excellence dédié à la recherche appliquée sur les négociations commerciales, les stratégies d’investissement et l’intégration économique africaine. Ses principales missions seront :
- Produire des études de haut niveau sur les dynamiques du commerce international et leur impact sur l’Afrique.
- Former et accompagner les décideurs dans l’élaboration de stratégies commerciales adaptées.
- Créer une plateforme d’échange entre chercheurs, praticiens et institutions publiques pour renforcer la capacité de négociation des pays africains sur la scène internationale.
Le Forum Africain sur le Commerce et l’Investissement (FACI 2025) marque ainsi une étape décisive dans la construction d’une économie africaine résiliente, compétitive et mieux intégrée au système commercial mondial.
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Mme THIARE Malicoumba BADIANE
Direction de la Communication et du Marketing