« Rendez-vous de la Recherche »: la session du mois d’avril consacrée au thème « Islam et politique au Sénégal : contribution consolidante ou déconsolidante »
Le Pôle d’Innovation et d’Expertise pour le Développement (PIED) a organisé le mercredi 24 avril 2024, dans le cadre des « Rendez-vous de la Recherche », un webinaire sur le thème « Islam et politique au Sénégal : contribution consolidante ou déconsolidante » sur la plateforme collaborative de l’UN-CHK. La session a été animée par Dr Mouhamadou Mansour DIA et Dr Moustapha NDIAYE, tous les deux Enseignants-chercheurs en Sociologie à l’UN-CHK avec la brillante modération de Dr Mamadou Lamine SARR; lui aussi Enseignants-chercheurs en Science politique à l’UN-CHK. Ces rencontres mensuelles ont pour objectif de donner à la communauté universitaire, l’opportunité de faire connaître leur domaine d’expertise et/ou de présenter leurs travaux de recherche. «A travers son mode d’entrée au Sénégal, l’Islam, jadis aristocratique, va connaître une évolution en devenant politique avec les révolutions des religieux, accommodant avec l’avènement de la colonisation française et clientéliste avec la démocratisation du pays» Dans son intervention, Dr Mouhamadou Mansour DIA est revenu sur les différentes étapes de l’évolution du rapport entre l’Islam et la politique au Sénégal. Mais aussi sur les conséquences de la rupture de certains familles royales avec l’Islam en remontant l’histoire des royaumes avec la dislocation de l’empire du Djolof. Ce qui a conduit à un intérêt des peuples pour l’Islam « alors que l’aristocratie procède à l’abâtardissement des principes de cette religion.» Dr DIA a également évoqué les révolutions islamiques et la contribution de la présence européenne, notamment française, aux aristocraties des pays Wolof, dans la lutte contre l’établissement de la théocratie. La « renégociation du rapport entre le spirituel et le temporel au Sénégal », a également été abordée par Dr Mouhamadou Mansour DIA. Analysant l’Islam dans une logique d’ancrage socioculturel, Dr Moustapha NDIAYE parle de processus entamé depuis le XIe siècle avec la conversion des Soninkés au contact des commerçants arabo-berbères, et celle des Toucouleurs avec les almoravides dans une approche prosélytique et de collaboration. Le Djolof et le Walo s’étant convertit au XIIe siècle à un « Islam aristocratique ». Il a aussi évoqué le rôle des érudits fondateurs des confréries dans le processus d’ancrage et de consolidation, l’approche culturaliste et celle contextualisée et de ciblage (le Mouridisme de masse rurale, la Tijjaniyya de masse urbaine, les Layènes de masse communautaire et la Qadiriyya élitiste). Toujours dans cette même logique d’ancrage, l’avènement de nouveaux cadres d’interactions et d’activités ainsi que le rôle de l’Islam dans la résistance pacifique ont été abordés par Dr NDIAYE. En effet, l’Islam a également servi de rempart contre l’assimilation culturelle et a été facteur de régulation et de cohésion sociale. Reprenant la parole, Dr Mansour DIA a parlé des logiques déconsolidantes de l’islam dans la constitution de la nation sénégalaise, des risques d’un processus de délégitimation de l’autorité et du processus d’éclatement de la chefferie et les risques de déperdition de l’autorité. Il a également évoqué ce qu’il appelle « l’instrumentalisation et velléité de conquête du pouvoir », en convoquant, à titre d’exemple, quelques faits historiques notés dans les rapports entre la vie politique et l’Islam. Vous pouvez suivre l’intégralité du webinaire sur la chaîne YouTube de l’UN-CHK via ce lien: https://www.youtube.com/@unchk_sn. Ndeye Aminata DIOP/ PIED